Le soudage est une compétence stratégique pour l’industrie moderne. Il permet d’assembler durablement deux pièces métalliques en les fusionnant par une source de chaleur. Cette opération, bien que technique, est omniprésente dans les secteurs tels que l’aéronautique, la construction navale, le ferroviaire, la pétrochimie ou encore les travaux publics. Pour répondre aux standards de qualité, de sécurité et de performance, les soudeurs doivent se former rigoureusement aux procédés TIG, MIG et ARC. Ces techniques ne s’improvisent pas : elles nécessitent précision, maîtrise des matériaux et des paramètres techniques, ainsi qu’une parfaite connaissance des normes applicables.
Comprendre les procédés de soudage TIG, MIG et ARC
Chacun de ces procédés a des caractéristiques techniques distinctes qui répondent à des besoins industriels spécifiques :
- TIG (Tungsten Inert Gas) : ce procédé utilise une électrode non fusible en tungstène et un gaz inerte (généralement de l’argon) pour protéger la zone de soudure de l’oxydation. Le TIG permet une soudure fine, propre et sans projections, idéale pour les matériaux sensibles ou de faible épaisseur. Sa maîtrise nécessite une grande précision manuelle et une parfaite coordination œil-main.
- MIG/MAG (Metal Inert/Active Gas) : le procédé MIG utilise un fil électrode fusible qui se déroule automatiquement, avec un gaz inerte (argon ou hélium) ou actif (CO₂). Le MIG/MAG est très utilisé en production industrielle pour sa rapidité d’exécution et sa facilité d’automatisation. Il convient aux grandes séries et à la fabrication de structures métalliques complexes.
- ARC (à l’électrode enrobée) : l’un des procédés les plus anciens et les plus polyvalents, le soudage à l’arc manuel utilise une électrode enrobée qui fond pour former la soudure. Son avantage principal est sa simplicité d’utilisation, même en extérieur ou dans des conditions difficiles (pluie, vent, hauteur). Il est largement employé dans la maintenance industrielle, les chantiers navals ou la réparation de structures métalliques.
Les formations pour devenir soudeur qualifié
Se former au soudage, c’est bien plus qu’apprendre à faire fondre du métal. C’est intégrer un ensemble de savoir-faire techniques, de connaissances théoriques et de réflexes sécurité indispensables. Les formations couvrent :
- Les principes de la métallurgie : les stagiaires apprennent à identifier les différents types de métaux, leur comportement sous l’effet de la chaleur, et les phénomènes de déformation ou de fissuration qui peuvent survenir pendant ou après le soudage. Une bonne connaissance des alliages est cruciale pour anticiper les réactions chimiques et physiques des matériaux.
- Le choix des consommables : chaque procédé nécessite des électrodes, des fils ou des gaz spécifiques. La formation enseigne à reconnaître les consommables adaptés à chaque situation, à optimiser leur utilisation pour limiter les pertes et à respecter les préconisations des fournisseurs.
- Les gestes et postures du soudeur : une partie essentielle de l’apprentissage est consacrée à l’ergonomie du poste de travail. Le bon positionnement du corps, le maintien de la torche ou de l’électrode, la régularité des mouvements, sont autant de facteurs qui influent directement sur la qualité du cordon de soudure.
- Les règles de sécurité : le soudage implique de nombreux risques : brûlures, éclats de métal, éblouissement, inhalation de fumées toxiques. Les formations incluent systématiquement un module sécurité pour apprendre à choisir et utiliser les EPI (lunettes, cagoule filtrante, gants, vêtements ignifugés), à vérifier les dispositifs de ventilation et à mettre en œuvre les protocoles en cas d’accident.
Formations initiales
Pour les jeunes, plusieurs cursus permettent de se spécialiser rapidement :
- CAP Réalisations industrielles en chaudronnerie ou soudage : accessible dès la fin de la 3e, il constitue un socle de base solide pour apprendre les fondamentaux du métier.
- Bac pro Technicien en chaudronnerie industrielle : il approfondit les connaissances techniques, prépare à la lecture de plans complexes, et initie à la gestion de la production.
- BTS CRCI (Conception et Réalisation en Chaudronnerie Industrielle) : cette formation post-bac permet d’évoluer vers des postes de technicien supérieur ou de préparateur méthodes.
Formations professionnelles et certifiantes
Les organismes spécialisés comme l’AFPA, l’INHNI, ou les GRETA proposent des parcours intensifs, souvent accessibles en alternance. Ces formations incluent :
- Titre professionnel Soudeur industriel : il permet d’être immédiatement opérationnel en entreprise et est reconnu dans toute l’Europe.
- Formations modulaires : elles ciblent des procédés ou contextes spécifiques, comme le soudage orbital pour les tuyauteries de haute précision, ou le soudage sous argon pour l’alimentaire.
- Certifications sectorielles : certaines industries (nucléaire, offshore, agroalimentaire) exigent des qualifications complémentaires délivrées par des organismes comme l’INRS, l’UIC ou l’ASME.
Certaines habilitations complémentaires sont aussi proposées : travail en hauteur, espaces confinés, habilitation électrique pour les soudeurs maintenance, etc.
Certifications et employabilité
Le passage par une qualification professionnelle reconnue est souvent indispensable. La norme ISO 9606-1 valide les compétences pratiques du soudeur à travers un examen destructif et non destructif de la soudure réalisée en condition réelle. Les critères d’évaluation portent sur :
- La qualité visuelle du cordon (régularité, absence de défauts visibles).
- La structure interne (via des tests radiographiques ou ultrasonores).
- Le respect du DMOS/QMOS (Descriptif Mode Opératoire de Soudage / Qualification Mode Opératoire de Soudage).
Ces certificats doivent être renouvelés tous les deux ou trois ans et sont exigés par les donneurs d’ordre dans les marchés sensibles. Ils peuvent aussi être complétés par les qualifications COFREND en contrôle non destructif.
Perspectives et évolution
La pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans le secteur du soudage offre de réelles opportunités professionnelles. Les entreprises recherchent des profils formés, mobiles, et capables de s’adapter aux nouveaux procédés. Un soudeur peut évoluer vers des postes de :
- Chef d’équipe ou chef d’atelier : encadrement de soudeurs et coordination des opérations.
- Contrôleur qualité ou CND : spécialisé dans l’analyse des soudures par méthodes non destructives.
- Formateur ou référent technique : en centre de formation ou dans un service méthode.
- Chargé d’affaires : avec une double compétence technique et commerciale.
Les évolutions technologiques (robots soudeurs, réalité augmentée, simulation) transforment le métier, mais la compétence manuelle reste irremplaçable. Le soudage fait partie des métiers d’avenir, en particulier dans les filières stratégiques (hydrogène, infrastructures, défense).
Se former aux procédés TIG, MIG et ARC, c’est donc intégrer un métier exigeant mais gratifiant, porteur d’emploi, et au cœur des grandes transitions industrielles.